Quand le marquage au sol permet de mieux partager la ville

Il était jusqu’alors interdit de représenter sur le sol des villes des dessins non répertoriés dans l’arrêté du 24 Novembre 1967. Mais depuis lundi 29 Janvier, il est désormais possible de proposer de nouvelles formes sur l’asphalte, à condition qu’elles n’entravent pas la lecture des informations par les utilisateurs de la route.

En effet, l’arrêté du 23 Septembre 2015 relatif à la modification de la signalisation routière a évolué d’une manière qui pourrait tout à fait métamorphoser nos modes de conception et de partage de la ville. Certaines traces et informations sont aujourd’hui compréhensibles par toutes les personnes familiarisées avec le Code de la Route, mais comment l’apparition de nouvelles formes de communication agiront sur notre rapport au langage de la ville ?

Marquage au sol en ville

Le marquage au sol : premier outil de signalisation routière

Privilégié par sa force de communication, le marquage au sol est devenu le premier outil de signalisation routière. Les utilisateurs de la rue, qu’ils soient piétons, cyclistes, chauffeurs ou autres ont en effet le réflexe de poser leur regard sur l’étendue horizontale qui s’étend devant eux plutôt que vers les indications verticales qui nécessitent l’effort supplémentaire de lever les yeux. Les nouvelles formes de publicité l’ont d’ailleurs bien compris et n’hésitent plus à faire usage de cette technique efficace.

Aujourd’hui grâce au Code de la Route, les conducteurs savent déchiffrer le langage de la rue par le biais de formes et de couleurs généralisées. En France, lorsque le rouge des panneaux indique un danger ou une interdiction, le bleu peut signifier une obligation, une simple indication ou encore la présence d’une priorité pour Personne à Mobilité Réduite lorsqu’il est appliqué au sol. Le jaune quant à lui pourra indiquer une restriction de stationnement, et le vert l’existence d’une bande cyclable…

Ne représentant aucun encombrement physique, cette signalisation peinte au sol peut par ailleurs être largement développée sans risquer de gêner la mobilité des usagers de la voirie. Mais au risque d’un excès d’informations, de quelles manières doit-on en faire usage ?

Pourquoi avoir recours au marquage au sol ?

Le principal objectif de toute forme de communication routière est de protéger les utilisateurs de la rue. Lorsque les modes de déplacements se multiplient et s’organisent à des vitesses différentes, il est en effet primordial de savoir partager les voiries afin que chaque usager puisse avoir une pratique fluide de son déplacement.

Les bandes cyclables sont signalées aux abords de la chaussée et sont réservées aux vélos. Sur le trottoir, cette même distinction est dans certains cas également dessinée pour séparer cyclistes et piétons. Voies pour taxis ou pour transports en commun, zones d’attente au pied des feux tricolores pour les deux-roues… tout semble réalisé pour permettre à tous d’utiliser son mode de déplacement de la meilleure des manières.

Mais avec le développement de nouvelles formes de mobilités et de nouveaux enjeux urbains liés aux déplacements durables, il semble nécessaire d’adapter en parallèle les indications urbaines. Par exemple, pourquoi ne pas imaginer un guidage spécifique pour les pédibus, ce ramassage scolaire et piéton, sous formes de petites traces de pieds colorées pour inciter de manière ludique les enfants à adopter un comportement sécuritaire ?

Mais si la sécurité est donc le principal objectif de la signalisation routière, le marquage peut également être utilisé dans un cadre touristique et culturel. Qu’il s’agisse d’un guidage spécifique, d’une information géolocalisée ou plus simplement d’une information divertissante, la signalisation horizontale peut être la source de tout un tas d’usages urbains !

À Caen par exemple, les piétons peuvent repérer une ligne bleue continue qui suit l’emplacement des anciens cours d’eau qui serpentaient autrefois dans la ville reconstruite. De cette manière, ils peuvent se représenter dans le temps et dans l’espace une cartographie urbaine inédite.

Informer, oui mais pas trop !

Il faut toutefois rester vigilant quant à l’utilisation du marquage au sol dans les rues de nos villes. Si son intérêt semble pertinent en termes d’encombrement et de capacité de lecture pour les usagers, trop d’informations risque de tuer l’information. Il s’agit donc de manipuler avec parcimonie l’utilisation de ce type de communication et de savoir définir les espaces avec les enjeux les plus forts pour que les informations puissent être destinées à chacun et utilisées par tous.

C’est par une utilisation raisonnée du marquage au sol que la rue pourra s’adapter aux changements d’usages et pourra être partagée durablement.