La lumière, une question d’enjeux

« La lumière (…) nous permet d’appréhender un espace, un bâtiment. La lumière est également un repère pour les hommes, au sein d’un environnement urbain complexe. Elle joue par conséquent le rôle de guide visuel. »[1]

L’éclairage public est ce grand modeste qui nous accompagne au quotidien. Celui-ci est rarement considéré à sa juste valeur, et ce, malgré la multitude d’enjeux urbains qu’il porte. Car oui aujourd’hui l’éclairage ne se résume plus qu’à la simple fonction d’éclairer, aujourd’hui la lumière est un véritable gage de sécurité, d’attractivité, d’écologie et de modernité pour nos villes. C’est pour toutes ces raisons qu’une collectivité ne peut la jauger avec légèreté, l’éclairage public se doit d’être abordé avec sérieux et avec tout l’intérêt qu’il mérite.

Lumière en ville, questions et enjeux

Une confiance aveugle

Cela se fait avec un naturel presque déconcertant, le jour tombe et la lumière artificielle paraît pour que nous puissions continuer à jouir des bienfaits de la ville et théâtraliser la vie nocturne. Nous y sommes tant habitués que nous ne le remarquons plus, nous faisons entièrement confiance en cette technologie créée par l’homme et bienveillante envers ses semblables.

« L’Association Française de l’Eclairage (AFE) révèle que les français ne sont pas prêts à renoncer à l’éclairage des villes la nuit, solution qui représente pourtant un potentiel d’économies d’énergie important. La raison essentielle de ce refus réside dans le sentiment d’insécurité suscité par l’extinction des lumières et ressenti par 90% des français. »[2]

Un élément à maîtriser

Aujourd’hui l’homme moderne cherche à mettre en lumière presque tout ce qui meuble son lieu de vie et ses journées. Des actions souvent motivées par ce besoin viscéral de sécurité. (C’est un peu pour cette même raison que l’homme a, à l’origine, voulu manier et maîtriser le feu.) L’important est d’éclairer « juste » ; ni trop, ni pas assez.

La lumière pour guide

Peu importe la ville, des éléments demeurent et persistent : les administrés aspirent à profiter de leur ville de nuit, ils désirent aussi que la satisfaction de leurs besoins en luminosité puisse se faire en respectant la nature et ses ressources. Les usagers veulent être considéré de la même façon, les piétons réclament d’être mieux accompagné dans leurs déambulations.

Un sentiment d’abandon ?

Ce sentiment d’insécurité motivent certaines personnes à se cloîtrer plutôt que de se risquer à sortir la nuit. D’autres citadins avouent qu’ils trouvent cela désagréable de devoir s’éclairer par leurs propres moyens, ne pouvant plus se reposer sur la bienveillance de leur administration pour assurer leurs déambulations nocturnes.

Les crimes de l’ombre

Pourtant de plus en plus de villes font le choix d’éteindre pour diverses raisons, y compris pour se refamiliariser avec la noirceur. Cette initiative a ses bons côtés certes, mais cela peut accroitre le sentiment d’insécurité chez les habitants. Certaines personnes en souffrent réellement et se disent même victimes de crimes couverts par cette obscurité nouvelle. Un peu comme l’anonymat offert par internet, la nuit noire offrirait aux délinquants un terrain de jeu propice à leurs actes malveillants. (vols, dégradations de véhicules, agressions, etc.)[3]

Une œuvre signée LEC

Les artisans de LEC ont su répondre à une mission bien particulière en Belgique. Ils avaient pour défi d’illuminer « Le passage sous voie de Jette ». C’est en jouant avec la température de couleur de lumière qu’ils ont su le rendre agréable à la fréquentation et plus invitant, et ce, en respectant son identité offerte par de nombreux tags. La conceptrice Lumière, Isabelle Corten a fait le choix de les magnifier par la lumière, plutôt que de les dissimuler.

« Moderniser en profondeur notre façon de nous éclairer, c’est mettre en lumière la ville du futur : à la fois intelligente, connectée et respectueuse de l’environnement. »[4]

Le piéton mis en lumière

Une rue, une route ou une autoroute décemment éclairée illuminera les détails, ces détails qui peuvent faire la différence et éviter des accidents malheureux. Le piéton, comme l’automobiliste, a le droit de rejoindre sa destination sans craindre pour sa sécurité ou pour sa vie. Combien de fois entendons-nous parler d’un accident dû à un éclairage défaillant ou à l’absence totale de dispositifs adaptés à la circulation des usagers ? N’avez-vous jamais eu ce sentiment d’insécurité par temps de pluie ou de brouillard sur une route non-éclairée ?

« Avec l’éclairage, le champ visuel est de 300 mètres. Sans éclairage, il est réduit à 40 mètres. On ne peut dans ce cas anticiper les risques et voir à temps un obstacle»[5]

La nuit tous les chats sont gris

Il faut dire que « l’homme est un animal diurne qui possède un œil remarquablement inefficace en conditions de faible éclairage »[6]. Dans l’œil humain, seuls les bâtonnets réagissent lorsque la lumière est insuffisante. Ceux-ci transmettent moins d’information au cerveau et ne distinguent pas les couleurs. La nuit notre vision est donc beaucoup moins performante, elle est même floue. Ce qui peut expliquer le malaise ressenti par l’homme lorsque l’éclairage est insuffisant ou absent. L’enjeu de sécurité à lui seul légitimise les dépenses faites en éclairage public.

La lumière, une véritable plus-value

La lumière peut répondre à ces besoins et aller au-delà en apportant de l’esthétisme, en contribuant à la beauté de nos espaces publics. En jouant finement avec le flux lumineux, nous pouvons donner une signature singulière à un monument, une rue, un espace… Avec une lumière réfléchie, nous pouvons surprendre et offrir aux citadins un nouveau visage à cette ville qu’ils connaissent si bien… de jour ! Les techniciens en éclairage peuvent créer de la magie simplement en illuminant les monuments les plus emblématiques et ainsi rendre les habitants encore plus fiers de leur belle cité.