L’espace public comme lieu de transmission
L’espace public est à la société ce que la scène est au théâtre. Il est le lieu de rencontres, de communication ainsi qu’un support d’expression. C’est également dans l’espace public qu’ont lieu des échanges sociaux, culturels ou encore générationnels. En parallèle, la population française vieillit, et les espaces publics ne sont pas tous partagés. L’historien spécialiste du monde urbain Jacques Donzelot disait d’ailleurs en 2009 que « pour améliorer au mieux la vie dans les cités, il faut s’occuper des gens autant que des lieux ». Cette idée porte par conséquent la nécessité de créer une cohésion et un sentiment d’appartenance de la part de l’ensemble des citadins, afin de profiter du potentiel des uns pour le mettre aux services des autres. Favoriser cette entraide, ce partage, c’est rendre les espaces publics attractifs et plus accessibles.

Mettre en avant les forces des uns pour aider les autres
Les espaces publics de nos villes représentent donc un potentiel énorme. S’ils sont le théâtre de l’ensemble des rencontres citadines, il s’agit surtout du lieu où toutes les catégories de personnes peuvent se rencontrer ! Nous remarquons toutefois que le traitement actuel de l’espace public ne permet pas d’y optimiser le potentiel de chacun en faveur de la société.
Personnes âgées ou enfants, piétons ou cyclistes, actifs ou inactifs, citadins ou touristes, chacun peut apporter à sa manière une pierre à l’édifice d’une ville attractive. Si chaque acteur de la ville a un rôle à jouer, la qualité de l’offre de logement, le mobilier urbain adapté, l’installation de potagers partagés ou d’espaces ludiques sont des outils forts dont les concepteurs de la ville ont la responsabilité. Ces éléments jouent un rôle prépondérant pour un espace public, créateur propice à la convivialité et à la transmission entre les populations.
Faire société au sein d’un espace public, c’est commencer par le partager. En cela, plusieurs initiatives donnent le tempo. Savoir partager commence bien souvent par accepter que chacun puisse apporter quelque chose au bien commun. Et si chacun peut être utile, c’est l’aménagement qui peut donner l’occasion d’exprimer ces potentiels.
Des aménagements en faveur des échanges sociaux
De plus en plus, de nouveaux écosystèmes ayant pour ambition de valoriser les échanges intergénérationnels se développent sous diverses formes et à différentes échelles, par exemple par la mise en place d’activités potentiellement partageables. Ces dernières années, les potagers ont fait leur grand retour, mais cette fois-ci en ville. Éducatifs, ludiques et même thérapeutiques, leurs avantages sont exploités dans bien des domaines. Dans plusieurs quartiers, il s’avère également que leur développement a permis de reconstruire un dialogue entre les générations : L’occasion est donnée aux plus expérimentés de pouvoir enseigner aux novices les meilleures techniques d’utilisation de jardinage et de culture de la terre.
Par ailleurs, le développement d’aménagements favorables aux mobilités douces permet également de mieux partager les espaces publics. C’est de cette manière que les déplacements favorables à la rencontre des citadins, comme le vélo ou la marche pourront être plus agréables et sécurisés. Ils permettront également d’encourager la cohabitation entre les différents usagers de la voirie. Ces aménagements doivent alors intégrer les besoins de chacun pour garantir ce bien-vivre ensemble. L’installation de pentes douces, de rampes d’accès ou d’une signalisation lisible et accessible représentera l’assurance d’une sécurité optimale et d’un partage mieux appréhendé.
Mais les initiatives citoyennes peuvent aussi faire l’objet des échanges générationnels : à Lavelanet, l’idée est de rassembler les âges autour de jardin partagés, fédérateurs. Le partage et la solidarité au service du jardinage ! À Lamballe cette fois-ci, ce sont des collégiens qui ont rencontré des seniors autour de jardinières en bois construites par les jeunes. Les retraités de 5 communes pourront les utiliser, selon les dispositifs proposés par les menuisiers en herbe. S’y asseoir, s’y rencontrer, y cultiver des légumes… À Poitiers, la Maison de la Culture et des Loisirs organise des rencontres entre jeunes et retraités dans le cadre de débats, mais surtout d’échanges d’idées et d’opinions.
Et comme un aboutissement à ces initiatives, les résidences et les quartiers intergénérationnels font à leur tour leur apparition dans les projets d’aménagement. À Clermont-Ferrand par exemple, le Clos des Vignes est un projet de village intergénérationnel qui propose une alternative entre le maintien à domicile et l’entrée des résidents en EHPAD. L’offre mixte de logements, ainsi que des infrastructures destinées à la rencontre, permettra à chaque génération de trouver chaussure à son pied. L’aide aux devoirs, l’entraide pour des activités de bricolage ou de jardinage instaure également un lien social durablement renforcé.
Faciliter les démarches participatives pour mieux vivre ensemble
Nous l’avons vu, penser l’aménagement, c’est donc choisir d’offrir des aménités qui correspondent aux besoins et aux attentes de chacun des résidents présents sur un territoire. Petits et grands, jeunes et plus âgés. Mais offrir des espaces publics partageables et partagés sous-entend surtout une obligation de participation de la part des habitants. Faire participer les habitants d’un territoire, mais également les personnes de passage, permettra à la voirie publique d’être dynamique et attractive.